Une Arrivée Fracassante... {Ron & Hermione}

Relève les yeux, mec. Relève les yeux ou crève.

Instinctivement, Ron obéit aux lignes impersonnelles du bouquin qu’Hermione lui avait donné à lire – pour lui changer les idées, qu’elle avait it – en prenant une profonde inspiration. Il ne savait pas vraiment ce qu’il tentait de faire mais la sueur froide imprégnant sa chemise lui indiquait qu’il fallait arrêter le massacre ici. La littérature moldue, c’était vraiment pas pour lui – comme la sorcière, d’ailleurs, mais ça, c’était hors-sujet. Et s’il continuait à se perdre dans ces lignes abstraites, il allait s’égarer dans des contrées aussi inconnues qu’effrayantes. Qu’y pouvait-il ? Il n’était pas vraiment un érudit, bien au contraire, mais les mots l’imprégnaient, lui et sa sensibilité exacerbée, et ses nerfs ressentaient chaque nuance grammaticale au centuple. Excessif, expressif. Mais pour la première fois depuis cinq six pages, ce fut positif. En levant les yeux, Ron regarda involontairement à travers la fenêtre. Le temps clair n’annonçait rien en particulier, si ce n’était une nouvelle nuit interminable à l’hypocrisie et la lourdeur constantes. Pourtant, au loin, deux petits points noirs attirèrent son attention. Des hiboux ? Intrigué, le rouquin se releva et s’approcha de la vitre en se demandant de quoi il pouvait s’agir. Des nouvelles de Harry fut la première pensée du jeune homme qui sentit son cœur manquer un battement. Son meilleur ami étant en danger constant, il leur était impossible, Hermione et lui, d’obtenir des nouvelles, même positives. vigilance constante, comme disait Maugrey.

Les secondes s’égrenaient et les formes devenaient distinguables : des hommes sur des balais. Passablement surpris de cette méthode pour le moins inopinée – c’était un risque pour les Weasley si les membres de l’Ordre étaient suivis et donc dévoilaient la position du Terre à l’ennemi. Mais tout portait à croire que les deux zigs sur leur balai avaient tout prévu. Réprimant un soupir en voyant déjà Lupin et Shacklebolt improviser une réunion d’urgence dans le salon, Ron s’accouda au rebord de la fenêtre, considérant qu’observer ces deux péquenauds était une occupation autrement plus constructive que de perdre son temps dans un pavé déprimant. Les silhouettes, peu à peu, se firent plus nettes, et si l’instinct de Ron avait visé juste en citant Lupin parmi tous les autres membres de l’Ordre, il l’avait trompé concernant le second. Bien sûr, leur nombre faramineux était une excuse toute trouvée à cet échec dérisoire, mais le rouquin, reconnaissant le nouvel intrus, n’y pensa pas une seconde. Harry. Harry. L’observant se glander en beauté dans le jardin en laissant entendre pour la première fois depuis longtemps un éclat de rire sincère, Ron réagit au quart de tour et fit volte-face pour sortir de sa chambre tel un boulet de canon euphorique. Les deux autres Auror n’avaient aucune importance à ses yeux. Le principal était là, dans son jardin, l’attendant en silence.

Ronald avait été le premier à se foutre indirectement de son meilleur ami lorsque celui-ci s’était glandé contre son chêne, mais personne ne fut témoin de sa chute lorsque, se précipitant dans les escaliers, il loupa une marche et se rattrapa in-extremis à l’angle du mur, se déboitant l’épaule sans pour autant tenir compte de la brève douleur. Tant qu’il ne se le luxait pas ou se le brisait carrément, rien à redire. Aucun obstacle. Sautant dans le hall pour se ruer sur la porte de la cuisine, le rouquin ne marqua qu’un temps avant de reprendre son bonhomme de chemin, les lèvres arquées en un sourire éblouissant. « Mec ! Putain ! Mec !! » lâcha-t-il dans sa course qui se termina en une accolade aussi virile que désespérée. Rassuré jusqu’au plus profond de ses tripes, Ron lâcha Harry l’instant d’après pour l’observer en détail. Si ce n’était un peu de sang sur la lèvre supérieure, il avait l’air en pleine forme. Et Ron, qui désirait en un premier temps s’épancher sur ces retrouvailles avec son meilleur ami, le seul qui avait occupé son esprit depuis de longs jours déjà, dut cependant s’interrompre en entendant – et en ressentant, instinctivement – Hermione débarquer pour, à son tour, profiter du brun rescapé. Il ne pouvait décemment la blâmer pour ça, de toute façon.