•• being you can’t be easy (D. & O. Wespurt)

Un vent frais s'affairait gaiement à réduire à néant les maigres efforts de coiffure qu'avaient fait, ce matin-là, la jeune Asteria Greengrass. Habituellement, cette dernière ne s'occupait pas plus que cela de ses cheveux rebelles, préférant ne pas perdre son temps à tenter quoi que ce soit afin de les discipliner. Du haut de ses seize ans, Asteria semblait en avoir au moins trois de moins, surtout lorsqu'elle était vêtue de son habit de Quidditch et qu'elle volait, les cheveux dans le vent et le sourire aux lèvres, au-dessus du terrain. Le Quidditch était sans conteste le sport favori de la demoiselle, qui attendait avec impatience les pratiques de son équipe. Poursuiveuse, elle adorait dépenser son énergie débordante en lançant le Souaffle de toutes ses forces et faire gagner son équipe. Oh, ne vous faites pas berner par son sourire enfantin et ses manières de petite fille, car Asteria est bien plus compétitive et mauvaise perdante que l'on pourrait le croire.

Elle avait passé une journée moyennement plaisante. Sa concentration n'étant pas au maximum, elle avait réussi à faire exploser sa potion lors du cours du même nom et à transformer sa cuiller non pas en souris, mais bien en papillon lors du cours de Métamorphose. Bien qu'elle se soit levée d'un très mauvais pied, la jeune sorcière tentait tant bien que mal de garder le sourire. Et puis, le simple fait de penser à cette promesse d'un vol en balai, vers la fin de l'après-midi, suffisait à lui remonter le moral. C'est ainsi qu'Asteria, après quelques cours désastreux, put se changer les idées en tournoyant autour du terrain de Quidditch.

La température fraiche de l'automne la faisait frissonner alors qu'elle se posa délicatement sur le sol. Passant une main dans ses cheveux en bataille, elle sourit à une énième blague de l'un des membres de l'équipe de Quidditch et demeura ainsi, silencieuse et immobile, au milieu du terrain. Ses coéquipiers étaient tous partis vers les douches, mais elle ne parvenait pas à se décider à les suivre. Peut-être était-ce à cause de ces deux petites silhouettes qu'elle avait aperçues quelques instants plus tôt et qui lui étaient à présent invisibles... Asteria Greengrass était connue pour sa curiosité. Les yeux légèrement plissés, elle fixa son regard vers l'endroit où avaient disparu les deux inconnus. Ne les voyant pas réapparaître, elle haussa les épaules et poussa un petit soupir. Après tout, sa fatigue lui avait peut-être causé des hallucinations... Prise d'une inspiration soudaine, Asteria posa son fidèle balai sur le sol et attrapa, dans la poche intérieure de sa tenue de Quidditch, un ruban violet qu'elle utilisa afin de nouer ses longs cheveux bruns. Tout en sifflotant un air joyeux, elle laissa dévier ses pensées vers le lendemain, qu'elle espérait être plus positif que la journée qui s'achevait. Une fois ses cheveux attachés, la jeune fille attrapa son balai et se mit en route vers les vestiaires, jusqu'à ce que retentissent, derrière elle, des éclats de voix. Elle se retourna, intriguée, et aperçut au loin deux petits garçons. Leur position éloignée empêchait Asteria de bien distinguer leurs traits. Elle demeura un instant interdite, ne sachant pas si elle devrait s'approcher d'eux ou simplement reprendre sa route vers les vestiaires, et donc vers le château, sa chaleur, sa nourriture prête à être mangée, son lit aux couvertures qui l'appelaient en criant...

Mais Asteria avait tendance à écouter la petite voix curieuse qui résonnait dans sa tête plutôt que sa raison. Se mordillant la lèvre, tic nerveux dont elle était incapable de se débarrasser, elle traversa le terrain en de grandes enjambées. Devant elle se tenaient deux garçons, probablement âgés de onze ou douze ans, dont la principale caractéristique était de se ressembler de manière plus que stupéfiante. Il aurait été étonnant qu'ils ne l'aient pas remarquée, étant donné qu'elle était seule sur le grand terrain de Quidditch abandonné de ses joueurs. La jeune sorcière commençait toutefois à douter de sa décision, se disant qu'une rencontre en tête à tête avec des jumeaux qu'elle ne connaissait pas était probablement moins intéressant qu'un souper à la Grande Salle en compagnie de ses amis. Et puis, il faut dire que les deux jeunes Gryffondor ne lui étaient pas totalement inconnus. Bien entendu, elle ne leur avait jamais réellement adressé la parole, mais leur réputation lui était parvenue aux oreilles à quelques reprises depuis le commencement de l'année. Asteria renonça à rebrousser chemin. De toutes façons, elle était beaucoup trop près d'eux, à cet instant précis, pour retourner tranquillement aux vestiaires sans avoir l'air totalement timbrée. Mais Asteria n'aime pas paraître folle. Oh non. Et Asteria n'a peur de rien, même pas des petites terreurs identiques.