Wake up, grab rear. [Daphné Greengrass]

L'eau ricocha sur l'email, se dispersant en gerbes limpides. Micro-fleuves cristallins et glacés, et que Serpentard récolta entre ses mains avant de s'en asperger le visage. Rejetant la tête en arrière, il prit une grande inspiration. Flottant deux mètres eu-dessus de sa tête, Mimi Geignarde fit une petite pirouette, l'air enchanté.

"Ca fait longtemps que je ne t'avais pas vu, Draco.." souffla-t-elle de sa voix couinarde. "Je pensais que tu avais été tué.. Ca aurait été dommage.. Tu étais un des seuls à me tenir compagnie.."

Malefoy l'ignora. Il était habitué à la présence de Mimi. L'année précédente il avait passé de nombreuses heures ici ; c'était des toilettes pour filles, mais personne n'y venait jamais, précisemment à cause d'elle. Il faut dire que ses gémissements avaient de quoi en dégoûter plus d'un. Mais c'était le seul endroit où Draco avait pu pleurer tout à loisir sans être déranger, le fantôme ne comptant pas. D'ailleurs elle s'était révélée plutôt compastissante, dans son genre. Elle lui avait dit être heureuse de rencontrer enfin un garçon qui n'hésitait pas à montrer ses véritables sentiments. Cela l'aurait d'ailleurs sans doute fait doucement sourire s'il n'avait pas été aussi bouleversé.

Mais il avait survécu à l'épreuve de l'armoire imposée par Voldemort, et par un quelconque miracle il avait pu entamer sa dernière année à Poudlard. Ce n'était pas pour autant qu'il était en sécurité, loin de là ; l'école était devenu le centre d'une nouvelle guerre froide où se cottoyaient membres de l'Ordre et Mangemorts, comme dans un affreux conte irréel. Le Seigneur des Ténèbres avait profité de sa position pour lui ordonner de chercher des renseignements sur Potter. Potter.. Quelle idée stupide. De toute façon, ses amis et lui n'étaient pas revenus. Weasley et la Sang-de-Bourbe avaient eux aussi disparu, et Draco se retrouvait une nouvelle fois dans une impasse. Il était certain d'avoir le soutien des Carrow et de Rogue, mais si jamais les autres se révélaient être des serviteurs de Dumbledore..

Le blond se mordit nerveusement la lèvre, observant un instant son reflet dans le miroir. Il était toujours pâle, et s'il ne se trompait pas, il semblait qu'une touffe de cheveux blancs avait poussé juste au-dessus de son oreille gauche. Agacé, il se recoiffa du plat de la main pour les dissimuler au mieux. Il ne manquait plus que ça.

La marque qui ornait son bras gauche le lançait souvent depuis que Dumbledore était mort, et si l'année dernière Draco s'était montré plus distant qu'à l'ordinaire avec ses condisciples de Poudlard, il était désormais totalement imperméable à ce qu'ils pouvaient bien lui dire. Il était frustré parce qu'il ne parvenait pas à concevoir tout cela autrement que comme quelque chose d'effrayant. Il était faible, Bellatrix avait raison. Son père avait raison. Voldemort avait raison. Tous, depuis le départ, le considéraient comme ce qu'il était : un pion, dont on s'était servi et qui allait bientôt être jeté. Il n'avait aucun talent particulier, et il était trop lâche pour devenir une figure de renom au sein même des Mangemorts.

Les entrailles serrées, Malefoy remonta la manche de sa chemise avant de froncer le nez en scrutant sa marque. Il aurait pourtant voulu en être digne, mais le simple fait de la voir lui donnait la nausée. D'ailleurs il faisait tout pour l'ignorer dans ses gestes de tout les jours, détournant systématiquement le regard de son bras quand il prenait sa douche ou qu'il changeait de vêtements.

Valsant toute seule au-dessus des cabines, Mimi Geignarde se mit à fredonner.
Draco renifla en appuyant de nouveau ses mains sur le rebord du lavabo. Rien n'avait vraiment changé, et il était toujours aussi seul pour y faire face.

Draco cilla en entendant quelque chose heurter le miroir situé du côté de la porte, et il se dit que Mimi devait encore faire des siennes jusqu'à ce que la dite Mimi interpelle la personne qui venait d'entrer. Ce n'était vraiment pas son jour. Normalement personne ne venait jamais ici. Y auvait-il d'autres types assez inconscients pour supporter le jérémiades du fantôme ?

"Ah ah, Daphné Greengrass ! Cela faisait longtemps ! Tu t'es trouvé des amis entre temps, c'st ça hein ? Pauvre fille."

Greengrass.. une Serpentard, de septième année qui plus est. Héritière d'une famille de Sang Pur avec laquelle les Malefoy fricottaient depuis des années. Il faut dire que les gens jugés dignes d'eux par Lucius et Narcissa n'étaient pas si nombreux. Il ne connaissait pas énormément Daphné pour autant, celle-ci ne faisant pas partie de celles qui lui tournaient autour et qui présentaient donc un semblant d'intérêt.
Draco renifla. Avec un peu de chance, elle voulait simplement aller assouvir ses besoins, et elle ne le remarquerai même pas. Gardant les yeux baissés vers le lavabo, il attendit, mais les pas se rapprochèrent de lui, et il se demanda ce qu'il avait bien put faire pour mériter ça.

Même s'il devinait déjà sa silhouette du coin de l'oeil, et ne put empêcher ses muscles de se raidir quand elle posa sa main sur son épaule, simplement le bout de doigts d'ailleurs, histoire sans doute d'attirer son attention. Elle s'excusa dès la seconde suivante.

"C'est toi. Je suis confuse. Pour la ballerine. Je croyais être la seule à venir encore ici. Te voir ici me surprend. Ou m'impressionne. Hm, bref."

On aurait dit qu'elle était un peu gênée. Une ballerine ? Malefoy haussa imperceptiblement un sourcil. Si quand elles se croyaient seules les filles s'amusaient à lancer leurs chaussures contre les murs, c'est que décidemment il ignorait encore beaucoup de choses à leur sujet.

"Impressionnée ?" répéta-t-il d'une voix morne sans comprendre vraiment le sens de son affirmation, se demandant si elle ne se foutait pas de lui. C'était peut-être cliché, mais il ne tenait pas à ce que quiconque sache qu'il venait ici pour être un peu seul, voir parfois pour pleurer, notamment l'année passée. Potter l'avait déjà surpris, et en avait ressenti une honte terrible ; alors, une Serpentard, de celles qui le croyaient sûrement insensible ? Plutôt crever.

"Qu'est-ce que tu fous là ?" marmonna-t-il donc avec mauvaise humeur en rabattant la manche de sa chemise jusqu'à son poignet, observant de reflet de Daphné dans la glace. Elle avait l'air d'avoir pleuré. Qu'est-ce qui pouvait bien lui arriver, à elle ? Ce n'était pas comme si elle avait ses souçis. Il en était au stade égoïste où il n'imaginait pas que quiconque d'autre sur Terre puisse un jour ressentir le même désepoir que lui. Draco Malefoy étant ce qu'il était, il se plaçait naturellement au-dessus de tout le monde, persuadé que même Blaise Zabini ne pourrait pas comprendre ce qui lui arrivait actuellement, et il fronça légèrement les sourcils sans cesser de fixer la jeune femme.